Le flétan du Groenland

Ce poisson est plus connu sous le nom de turbot, au Québec ; nom que les biologistes condamnent, parce que ce n’est pas le vrai poisson qu’on appelle turbot en France. Les Gaspésiens qui pêchaient ce poisson ne l’appelaient pas, non plus, turbot, mais flétan noir, par comparaison avec le flétan de l’Atlantique qu’ils appelaient flétan blanc. Le nom turbot nous a été légué par les poissonniers et les restaurateurs des villes au moment où l’on a vu apparaître des poissons en filets congelés, dans nos comptoirs d’épicerie. C’est encore aujourd’hui, l’un des poissons les plus estimés des Québécois, avec la plie qu’on appelle aussi faussement la sole, comme l’aiglefin que plusieurs appellent encore l’haddock, et la morue que les Français appellent plutôt cabillaud. En résumé, nous avons bien de la misère à nous entendre sur les noms de nos poissons avec les scientifiques et l’Office de la langue. Quoi qu’il en soit, notre flétan est un vrai flétan qui vit au fond de la mer, un poisson plat qui aime les eaux froides et qui se nourrit la nuit, de crevettes. On le trouve en abondance dans l’estuaire du Saint-Laurent et même dans le Saguenay, où on peut le pêcher sous la glace, la nuit, en février. Les gens du Bas-Saint-Laurent, de la Côte-de-Gaspé, de la Haute-Côte-Nord et du Saguenay peuvent donc en manger du très frais, en automne et en hiver.