Les ragouts algonquiens sur le feu
Ce type de plat est né, il y a au moins 600 ans, au Québec. Les nations algonquiennes sont toutes cousines entre elles, du moins par le partage de la langue-mère et de la culture de l’écorce. Des groupes familiaux algonquiens ont quitté leur pays qui se situait au nord du lac Ontario pour se répandre dans toutes les directions autour d’eux, il y a 3 500 ans. Les groupes qui se sont dirigés vers le Sud-est et la Côte atlantique, comme les Abénaquis, les Mig-Macs et les Malécites, ont rencontré des peuples d’agriculteurs qui les ont initiés à la culture du maïs, comme les peuples de langue iroquoïenne autour des Grands-Lacs et dans l’axe du fleuve Saint-Laurent. Lors des rencontres avec leurs cousins du Nord, ces peuples agriculteurs du Sud ont échangé de la farine de maïs avec eux. C’est alors que vers le XIVe siècle, ils ont fait leurs premiers ragouts de gibier en épaississant les viandes qu’ils faisaient bouillir avec de la farine de maïs. Lorsque les pêcheurs blancs sont débarqués sur leurs côtes maritimes avec de la farine de blé, à la fin du XV e siècle, ils se sont mis à remplacer la farine de maïs par de la farine de blé. Et ils ont abandonné leurs plats d’écorce pour des plats de fer beaucoup plus pratiques qu’ils pouvaient mettre directement sur le feu. Les Français imitèrent cette façon de faire en s’installant à côté d’eux. Mais ils ajoutèrent des oignons, des légumes racines, des herbes salées comme ils le faisaient dans leur pays natal depuis le Moyen Âge. Les deux cultures se sont métissées pour créer des ragouts de lièvre et de perdrix comme des ragout de volaille ou de lapin qu’on élevait dans les communautés autochtones comme dans les villages canadiens-français.