Les céréales chaudes

Ce type de plat a plus de 10 000 ans et est né sous toutes les latitudes et tous les continents. Aussitôt que l’homme a pu se faire bouillir de l’eau, il a pu se faire cuire des céréales. Avant d’en planter près de sa maison, il en a cueilli longtemps lors de ses pérégrinations. Les archéologues nous ont donné la preuve que l’homme savait moudre des grains de céréales, il y a 13 000 ans, au Moyen-Orient. Il les mangeait en bouillies dans les premiers plats de céramique. Chez nous, les premières bouillies se faisaient avec du riz sauvage ou des graines de nénuphar qu’on broyait sur des pierres. On en faisait aussi avec le cambium de certains arbres comme les bouleaux blancs ou jaunes, qu’on réduisait en poudre pour les faire bouillir. On faisait la même chose avec les noix locales et les glands de chêne. On avait même trouvé que l’ajout de cendre de bois franc dans l’eau de cuisson des glands, permettait d’en diminuer beaucoup l’amertume. Puis vint le maïs, vers l’an 700 de notre ère. On apprit alors à faire des bouillies de maïs séché qu’on importait de la région des Grands Lacs ontariens. Vers l’an 1000 de notre ère, les Iroquoïens de la plaine du Saint-Laurent se faisaient déjà des bouillies de maïs qui devinrent le plat principal de leur culture culinaire, les siècles suivants. Cette bouillie a d’ailleurs été empruntée aux Iroquoïens par toutes les nations d’origine algonquienne, vers le XIVe siècle. Lorsque les Français se sont installés à Québec, ils ont adopté ce plat que les Algonquins de l’ouest du Québec appelaient de la sagamitew (prononcer sagamitéou). Le terme est devenu courant dans la population de la Nouvelle-France sous le nom sagamité. Mais les Français avait aussi l’habitude de se faire des céréales chaudes avec des grains broyés de blé, d’orge, d’avoine et de sarrasin. Lorsque les récoltes de blé n’étaient pas au rendez-vous, on avait recours à ces grains broyés pour survivre. Lorsque le blé s’installa définitivement chez nous et qu’on en a eu suffisamment pour de faire assez de provisions de blé pour survivre 2-3 ans, on arrêta de se faire cuire des céréales chaudes. Ce sont les Écossais qui les ont remis à la mode en s’installant dans nos campagnes, au début du XIXe siècle. Puis à la fin du XIXe siècle, les dirigeants de l’Église des Saints des derniers jours, aussi appelés les Mormons, proposèrent qu’on s’occupe mieux de sa santé en mangeant plus de céréales, le matin. Ce sont leurs disciples qui créèrent des céréales entières sous forme de flocons qu’on commença à vendre un peu partout en Amérique ; le gruau Quaker, les céréales de Kellogg’s Corn Flakes, les All Brand datent de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Le gruau d’avoine eut chez nous la plus grande influence ; il devint un déjeuner courant chez tous les Québécois d’origine autochtone, française ou britannique. On lui ajouta des fruits séchés sauvages ou importés, et on apprit à en faire un repas attirant pour les enfants en lui ajoutant du sucre d’érable, des pommes séchées ou des fruits frais du jardin.