L'éperlan

L’éperlan arc-en-ciel est l’un des poissons que les enfants québécois d’autrefois ont le plus pêché, au bord du fleuve. Les fouilles archéologiques de la Haute Côte-Nord signalent sa présence dans les campements des Archaïques Maritimes, il y a 8 000 ans. Champlain raconte dans ses écrits qu’il en a pêché à Tadoussac en 1626, puis lorsqu’il a été fait prisonnier par les frères Kirke, en 1629. De nombreux textes d’archives vont signaler sa présence, par la suite, à toutes les époques. Les gens de la Basse-Côte-Nord le pêchent de la fin mars au mois de mai alors que ceux de Charlevoix le pêchent surtout en automne. Il y a aussi de l’éperlan au lac Saint-Jean et dans plusieurs grands lacs qui communiquaient autrefois avec la mer. L’éperlan anadrome est resté prisonnier de ces lacs lors de la remontée du continent après la fonte du glacier continental, il y a 12 000 ans. On parle donc, aujourd’hui, d’éperlan de mer et d’éperlan de lac. Lorsque l’éperlan vient frayer sur les plages, il est si abondant que nos ancêtres s’en servaient pour fumer la terre de leurs jardins et de leurs champs. On labourait la terre, puis on remplissait les sillons de dizaines de banneaux d’éperlans, selon les témoins des régions maritimes du Québec. L’éperlan n’est plus beaucoup consommé aujourd’hui, malgré qu’il soit l’un de nos meilleurs poissons. C’est que l’arête pose toujours problème aux enfants et aux adultes qui n’ont pas dépassé le stade de l’enfance, dans leur façon de manger. C’est bien dommage pour eux car il y a moyen de préparer l’éperlan sans arête ; cela prend simplement de la patience pour les débarrasser de leur arête, tête et queue. Le faire de façon industrielle couterait beaucoup trop cher de main d’œuvre. Enfin, si vous l’aimez comme moi, vous aurez la patience de vous préparer un bon pâté d’éperlan, à la mode jersiaise, comme les gens de Peite-Rivière-Saint-François le font toujours.