Les bouillons de poule ou de relevailles à l'ancienne

Le bouillon de poule a toujours été considéré comme un remède domestique pour se relever d’une maladie ou d’un accouchement. Il était donc donné à tous les membres de la famille, indisposés par un évènement qui les gardait au lit. Le bouillon permettait de les remettre progressivement debout. Le terme relevailles a une connotation religieuse, en Europe. L’Église catholique du Haut Moyen Âge considérait l’accouchement comme un acte impur dont il fallait se purifier, après 40 jours, en allant à l’église pour se faire bénir par un prêtre, en particulier lors d’une messe célébrée à l’intention de la nouvelle mère. Pendant les 40 jours en question, la mère ne se levait que pour ses besoins vitaux et devait garder le lit en se nourrissant de liquides ou de choses très légères. C’est à cette occasion qu’on donnait le bouillon de relevailles. Cette tradition importante dans notre culture a perduré jusque dans les années 1940. Les Français ont apporté cette tradition partout où ils ont créé des colonies puisque j’en ai trouvé la trace dans les livres de recettes des Antilles ou de l’Afrique du Nord et de l’Ouest. Par conséquent, le terme relevailles était avant tout un vocabulaire religieux. Au Québec, le terme relevailles s’appliquait seulement aux femmes qui venaient d’accoucher alors que le terme bouillon de poule s’appliquait à tout le monde qui était malade au lit et qu’on voulait aider à se relever. Dans les années 1970, le terme a pris une extension de sens pour s’appliquer aussi aux problèmes psychologiques. On parle désormais de bouillons de poule, bons pour l’âme. Ce sont des textes réconfortants, des périodes de méditation apaisantes, des techniques de reprogrammation mentale ayant pour objectif de réinstaller le bien-être psychologique. Autrefois, on tuait les poules qui ne pondaient plus pour cet usage. Il fallait les faire bouillir longtemps, dans beaucoup d’eau, avec divers légumes racines et préparer leur chair bien cuite dans des soupes-repas avec du riz. Le bouillon lui-même était réservé à la nouvelle accouchée. En résumé, lorsque vous ferez cette recette, pensez que vous ferez une soupe qui a au moins 2 500 d’histoire, et qui se faisait déjà dans l’Antiquité gréco-romaine. L’expression relever quelqu’un de malade remonte au moins au XI e siècle et est notée dans la Chanson de Roland (1080).

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